L’analyse bioénergétique est une forme de psychothérapie corporelle qui comprend une dimension énergétique. Le ou la thérapeute utilise des techniques favorisant le relâchement musculaire et l’expression émotionnelle. Ce travail comporte également une dimension analytique permettant à la personne d’accéder à une connaissance approfondie d’elle-même, incluant la compréhension des mécanismes de défense qui l’habitent et la manière dont ils se sont construits à travers son histoire. Cette conscience accrue de ses propres mécanismes de défense et l’exploration de nouvelles façons d’être, offrent à la personne une plus grande liberté afin d’élaborer des réponses créatives et mieux adaptées aux situations de sa vie présente. L’analyse bioénergétique cherche à aborder l’individu à la manière d’un tout indissociable composé d’un corps, de perceptions, d’émotions, de capacité de réflexion et de conscience, ainsi que de capacités relationnelles.
Ce qui fait la spécificité de l’analyse bioénergétique, c’est le concept de structure caractérologique. La structure caractérologique est le résultat des mécanismes de défense et d’adaptation que l’on met en place pour survivre à mesure que nous grandissons et faisons face à des situations douloureuses ou perçues comme menaçantes. Ces mécanismes se développent tant au plan psychique qu’au plan somatique, sous forme de patterns de tension musculaires chroniques. Les mécanismes psychiques et les tensions musculaires ont tous deux la même fonction : celle de nous préserver de la souffrance, au prix toutefois d’une diminution de notre vitalité. Le concept de structure caractérologique a d’abord été développé par Reich, puis repris par Lowen qui a développé une typologie caractérologique en cinq types de caractères. Ces types peuvent nous servir de points de référence dans la compréhension de différentes problématiques, mais il est important de savoir que personne n’est un type « pur ».
Louise Fréchette, Psychologue
En analyse bioénergétique, le travail psychothérapeutique peut s’effectuer à court ou à long terme, selon les objectifs formulés par le client. Ce travail suppose un assouplissement du système défensif de l’individu, au profit de mécanismes d’adaptation plus flexibles, constructifs et créateurs. Ceci suppose un travail plus ou moins long de reconstruction psychique. Les aspects fondamentaux sur lesquels insiste l’analyse bioénergétique sont le travail respiratoire, l’abandon aux mouvements involontaires, l’enracinement, le rétablissement de la motilité chez l’individu qui se reflète également dans l’accroissement de la mobilité au plan psychique, comportemental et relationnel. Tout ce travail contribue à aider l’individu à acquérir une plus grande compréhension de lui-même de même qu’une plus grande liberté d’expression. Le fait d’aider l’individu à accroître sa capacité à exprimer ses émotions favorise en retour l’établissement de relations interpersonnelles plus significatives. L’intégration de toutes ces dimensions caractérise le travail psychothérapeutique d’analyse bioénergétique qui s’inscrit dans les courants psychothérapeutiques existentiels et psychodynamiques.
La respiration saine est naturelle, spontanée, involontaire et unitaire. Elle mobilise toutes les parties du corps. Lorsqu’une personne parvient à s’abandonner à ses sensations, elle peut percevoir que le mouvement d’expiration implique tout le corps. De petites vibrations peuvent alors se faire sentir jusque dans les pieds. Une sensation de fraîcheur ou de chaleur, de même que des picotements ou des fourmillements très légers peuvent également être ressentie jusque dans la tête. Dans son ouvrage intitulé Le plaisir, Lowen décrit le processus respiratoire comme suit : « La respiration saine présente un caractère d’unité, d’équilibre. L’inspiration commence par une expansion de l’abdomen allant de pair avec la contraction du diaphragme et le relâchement des muscles abdominaux. L’onde d’expansion se propage ensuite vers le haut pour englober le thorax. Elle n’est pas arrêtée au milieu du corps comme chez les gens perturbés. L’expiration commence par un affaissement de la poitrine et se poursuit jusqu’au bassin. Cette ouverture améliore le contact avec soi et avec autrui. »
Lorsqu’on augmente l’apport d’oxygène dans le corps, des vibrations apparaissent. Au début d’un travail, les vibrations sont davantage musculaires. Elles sont plus fortes et plus intenses. Mais à mesure que le relâchement musculaire et le travail d’expression émotionnelle se poursuivent, la connexion avec soi et avec son histoire se précise à travers les prises de conscience. Les vibrations corporelles s’affinent. La personne a alors accès à une circulation énergétique présentant un mélange de sensations corporelles plus variées et plus subtiles. Les vibrations peuvent être légères, indiquant alors que le corps n’est pas tendu et que l’énergie circule facilement. Par contre, les vibrations violentes indiquent une musculature tendue, révélant ainsi que la personne maintient un certain niveau de contraction afin de réprimer des émotions. L’absence de vibrations indique par ailleurs un manque de vitalité. C’est souvent le signe que l’énergie ne parvient pas à bien circuler et que des tensions doivent être relâchées afin de favoriser une meilleure circulation énergétique.
Un être enraciné est un être bien déposé au sol, bien ancré dans son centre de gravité, ce qui favorise la détente au plan corporel. C’est également quelqu’un qui a confiance en lui, qui possède une bonne connaissance de lui-même et qui est ouvert aux autres. L’enracinement est la capacité d’être bien « connecté » à son corps, d’être présent à ses sensations, à ses émotions et davantage en lien avec la réalité. Le travail bioénergétique offre des moyens concrets pour améliorer l’enracinement et permettre au corps d’être plus vibrant et plus vivant. À cet effet, l’approche accorde de l’importance au travail en position debout afin de ressentir cette connexion au sol. Une personne bien enracinée est en contact avec sa sensibilité intérieure tout en étant capable de s’affirmer. Elle est à la fois en mesure d’exprimer ses émotions lorsque la situation l’exige, tout comme de les contenir lorsque c’est nécessaire. Elle est en mesure de vivre le moment présent aussi pleinement que possible. La personne bien enracinée est une personne intégrée, c’est-à-dire en possession de ses sensations corporelles, de ses sentiments et émotions de même qu’elle est consciente de ses processus cognitifs. Les processus volontaires et les processus d’abandon à la vie fonctionnent en synergie, de manière harmonieuse.
La respiration profonde et continue a pour effet d’augmenter la motilité de l’organisme. Cela veut dire que le fait de respirer profondément a un effet sur les mouvements naturels et involontaires du corps, mouvements qui, lorsqu’ils se produisent librement rendent la personne plus vivante. Les cellules de notre corps ont alors un mouvement pulsatoire (expansion/contraction) de plus grande amplitude, le corps et la peau deviennent plus chauds, le teint est plus coloré, les yeux ont plus d’éclat, la personne est plus spontanée dans ses mouvements comme dans son expression émotionnelle.
Lorsque nous augmentons l’apport d’oxygène dans notre organisme, des vibrations peuvent apparaître dans différentes parties du corps. Celles-ci indiquent qu’il y a de la vie, que l’énergie circule ce qui éveille davantage notre sensibilité. On a alors la sensation de laisser couler la vie en soi. Il est important que le rythme des mouvements soit assez rapide pour qu’ils ne puissent pas être exclusivement dirigés par la volonté. Bien sûr, lorsqu’une personne s’abandonne aux mouvements involontaires et cherche à permettre ainsi à une plus grande motilité de s’installer en elle, elle est susceptible de se heurter à ses propres réactions défensives qui se manifesteront sous forme de contraction cherchant à faire obstacle au flot d’énergie accru. C’est là que le travail thérapeutique peut mettre en évidence les conflits internes et les aborder à la fois par le biais de postures, d’exercices, de même que par l’analyse. Ce faisant, le thérapeute cherchera à aider la personne à relâcher le contrôle volontaire de manière à ce qu’elle se laisse vivre le plus librement possible le courant organique de vie qui se manifeste, sachant qu’une plus grande motilité au plan physique est intimement liée à une plus grande mobilité au plan psychique.
Afin de se libérer d’une émotion qu’il lui a fallu réprimer à cause de la souffrance présente, la personne doit souvent parvenir à l’exprimer avec intensité, en utilisant les gestes et les mots appropriés. En analyse bioénergétique, la personne sera invitée à explorer des mouvements expressifs auxquels elle pourra joindre un son ou des mots appropriés. Les souffrances ayant marqué la vie d’un individu ne peuvent être libérées que par un travail soutenu, qui a parfois besoin d’être répété aussi souvent que nécessaire, jusqu’à l’atteinte d’un mieux-être.
Lorsqu’un événement agressant ou désagréable survient, certaines sensations corporelles de tension s’intensifient, un malaise apparaît. Inversement, lorsque nous vivons un événement agréable, cela nous procure un bien-être. Si nous sommes attentifs aux réactions naturelles qui se produisent en nous, nous pourrons identifier de quelle manière l’événement nous touche au plan émotionnel, nous pourrons formuler ce qui se passe en nous, en disant par exemple : « Je suis triste », « J’ai peur », « Je suis en colère », « Je suis heureux », etc. Il sera également possible de ressentir l’impact somatique de cet événement sous forme de relâchement (événement agréable) ou de contraction musculaire (événement agressant ou désagréable).
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